Travailler les puits de carbone

Le carbone est notre cible, nous allons non seulement éviter d’en produire, mais aussi le piéger. Cette capture du CO2 est indispensable si l’on veut tenir notre pari de neutralité carbone à l’horizon 2040. Dans ce domaine, nous disposons d’un gros avantage, nous pouvons compter avec la capacité de séquestration du carbone de l’océan et des marais littoraux. Ce sont les puits de carbone bleu. Les autres puits (le végétal, la terre) ne sont pas pour autant absents du projet.

Capter et séquestrer le carbone bleu

On désigne par le terme de « carbone bleu » le carbone qui est capté puis séquestré par les écosystèmes océaniques et littoraux.

Les végétaux et micro-organismes phototrophes (qui mettent à profit l'énergie lumineuse pour réaliser la synthèse de leurs aliments) présents dans l’eau captent, durant la photosynthèse, le dioxyde de carbone (CO2) provenant de l’atmosphère. Au cours de leur vie, ces végétaux peuvent être consommés par les animaux, le long de la chaine trophique. A leur mort ou lors de leur dégradation, des débris de ces végétaux et de ces animaux se déposent sur le sol sous l’effet de la sédimentation. Au fil du temps ces débris sont recouverts par des sédiments et sont donc enfouis. Lorsqu’ils atteignent une profondeur suffisante, l’oxygène n’est plus présent dans le sédiment et la décomposition ne peut donc plus avoir lieu. Le carbone est donc séquestré durablement dans le sédiment (durant des milliers d’années) et s’appelle donc le carbone bleu.

Pour nous aider à mieux comprendre le carbone bleu, une exposition pluridisciplinaire a été réalisée par le laboratoire LIENSs de l’Université de La Rochelle. Elle est accessible sur le site : https://carbone-bleu.univ-lr.fr/

Schéma du cycle du carbone bleu
Cycle du carbone bleu

Quels milieux sont concernés ?

La notion de « carbone bleu » est assez récente. Ce terme a été utilisé pour la première fois en 2009, dans un rapport du Programme des Nations Unies pour l’Environnement pour décrire le carbone capté et stocké dans les écosystèmes océaniques et côtiers. Cela inclut les habitats d’herbiers marins, prés salés, marais littoraux, mangroves et l’océan.

Dans le cadre de notre projet nous avons choisi d’explorer également d’autres écosystèmes présents sur notre territoire : les vasières et les marais rétro-littoraux (doux, saumâtres et salés)

En tout, nous allons étudier 7 types d’environnements présents sur l’Agglomération de La Rochelle afin de mieux comprendre le bilan carbone (bleu) de ces écosystèmes :

Courtes descriptions des milieux

Marais rétro-littoraux : marais situés à l’arrière du trait de côte. Ils sont souvent séparés du littoral par une digue ou par des ouvrages qui déconnectent le milieu du balancement des marées

  • Marais doux : Milieux composés d’un réseau de canaux anthropiques alimentés par de l’eau douce (cours d’eau, ruissellement, etc.) et réaménagés à des fins agricoles (grandes cultures, prairies)
  • Marais saumâtres : Marais dont la salinité de l’eau est supérieure à l’eau douce mais inférieure à l’eau de mer
  • Marais salés ostréicoles : Marais endigués alimentés par l’eau de mer à l’aide d’un réseau de canaux. Sur l’Agglomération ils sont tous à activité ostréicole et composés de bassins d’élevage et d’affinage des huîtres appelés « claires »

_

Marais littoraux ou côtiers : milieux soumis au balancement des marées

  • Prés salés : Partie haute de l’estran, végétalisée principalement par des spartines et des obiones, submergée par les marées de vives eaux
  • Vasière intertidale : Partie basse de l’estran, pauvre en végétation, composée de sédiments fins appelés « vase »
  • Herbiers de zostère naine : Plantes marines de l’espèce « Zostère Naine » formant des prairies sous-marines appelées « Herbiers »

_

Océan : Grande étendue d’eau salée qui encercle les continents ; surface toujours en eau au large de l’estran

Les recherches en cours

Cet axe de travail est avant tout un projet de recherche. L’objectif est de réaliser le bilan carbone de chacun des milieux présentés précédemment. Ces recherches sont menées par l’Université de La Rochelle, en partenariat avec d’autres structures telles que l’IFREMER, l’UNIMA, l’Université d’Angers, etc.

Les résultats de ces études permettront de fournir des recommandations de gestion, de restauration et d’entretien de ces milieux naturels. Les gestionnaires des marais, qu’ils soient propriétaires publics ou privés, pourront se baser sur ces outils d’aide à la décision pour optimiser cette fonction de puits de carbone bleu.

Consultez les travaux de recherche sur le carbone bleu :
2018_PETTEX_Veille scientifique sur le carbone bleu
2021_LECLERC-HOUCHARD_Master1_Connaissance des usagers sur le carbone bleu
2023_AFONSO_Surface et cartographie des milieux carbone bleu de l'Agglomération de La Rochelle
2023_PERY_Master1_Echanges de CO2 atmosphérique en limite pré salé - vasière
2023_XAUS_Master2_Relation entre carbone aquatique et réseaux trophiques planctoniques
2023_PASCHAL_MASTER2_Apport de la télédétection dans l'analyse des flux de carbone
2023_AMIAR_Master2_Flux de carbone dans les communautés de Spartine maritime des prés salés

Actualités carbone bleu

Participez à la grande enquête sur le carbone bleu jusqu'au 31 décembre 2023

Afin de percevoir le niveau de compréhension de ces notions de la part du public et d’appréhender son implication, un questionnaire a été réalisé. Cette enquête s’adresse aux habitants du littoral (citoyens, scolaires et parents d'élèves, professionnels de la mer, services de l'État, touristes, etc.). Déjà diffusée en 2020 pour faire une première évaluation lors du lancement du programme de sensibilisation, cette enquête est renouvelée afin de mesurer l’évolution de la connaissance de ces notions. Elle se clôturera le 31 décembre 2023.

PARTICIPEZ à l'enquête en ligne

Quelles avancées ont marqué l'année 2023 pour le carbone bleu ?

Consultez notre journal pour un aperçu des avancées scientifiques et des évènements marquants de l'année 2023 pour le carbone bleu.

Journal de l'année 2023 du carbone bleu

Les puits de carbone vert

Des connexions entre le carbone bleu et le carbone vert seront établies à travers le projet TETRAE – Maintenir des marais vivants face au changement climatique ( https://www.tetrae.fr/les-projets/mavi ). Des initiatives telles que la  végétalisation des espaces urbains et la plantation d’haies et d’arbres,  qui contribuent à capturer le carbone à partir du végétal pourront notamment être soumis à la Coopérative carbone.