De nombreuses études ont démontré depuis que le télétravail pouvait avoir des bénéfices environnementaux en réduisant les trajets domicile – bureau. Attention cependant aux effets rebond, ces modifications de nos pratiques individuelles induites par le télétravail, et qui peuvent très largement entamer le bilan positif de la démarche.
La première chose à laquelle on pense lorsqu’on aborde le télétravail c’est évidemment la suppression de nos trajets (bien souvent) motorisés pour nous rendre au bureau. La réduction de la consommation d’énergie fossile liée à ces déplacements est une source très significative d’allègement de notre empreinte carbone individuelle et devrait donc nous satisfaire pleinement d’un point de vue environnemental.
Toutefois, nous l’avons tous constaté lors de ces derniers mois, le télétravail interfère aussi profondément avec nos modes de vie et notre façon de travailler, si bien qu’il peut parfois occasionner des « effets rebond » qui peuvent amplifier ou a contrario atténuer les bénéfices environnementaux.
La Communauté d’Agglomération de La Rochelle, profitant d’un appel à manifestation d’intérêt lancé en 2019 par l’ADEME, s’est attachée à connaitre l’impact de la mise en place progressive du télétravail lors de sa « phase de test » en considérant ces effets secondaires. Cette période expérimentale débutée fin 2018, concernait 152 agents et impliquait un travail à distance une fois par semaine.
Durant cette première phase, près de 95.000 km (parcourus en voiture, en bus ou en deux roues) ont été économisés soit 55 tonnes de CO2. Mais le questionnaire complet adressé aux agents volontaires a permis aussi de détecter ces fameux effets rebond :
- En premier lieu, la très grande majorité des personnes concernées a été dotée d’équipements informatiques et, pour un certain nombre, de téléphones mobiles. Ces concentrés de technologies sont aussi une source importante de CO2 : au total, près de 12 tonnes de CO2 ont été émis pour la fabrication de ce matériel informatique. (On retiendra toutefois que ces équipements sont amortis sur une durée de 5 ans soit environ 2 tonnes eq.CO2 sur la période considérée)
- Dans un second temps, plusieurs autres hypothèses ont été considérées : le télétravail impliquerait plus de mails échangés, plus de visioconférences et une consommation d’énergie supérieure à l’intérieur de nos logements. Sur ce dernier point (les autres seront traités dans un prochain article), le chauffage des habitations des agents habituellement au bureau a été estimé à 3 tonnes de CO2 sur l’année considérée.
Au total sur cette année de mise en place du télétravail, on considère en première approche que près de 50 tonnes de CO2 ont été économisées. Alors que le nombre d’agents concernés a été multiplié par 10 dans les mois qui ont suivi, il serait intéressant de refaire ce travail en intégrant notamment une pratique jusqu’alors marginale : la visioconférence.
En retenant ce chiffre simple, 1 minute de visio-conférence émet 1g de CO2 (Leboucq, Greenspector, 2020), saurez-vous estimer votre propre effet rebond ?