Embarquez pour 2040 avec Jean-Baptiste

Jean-Baptiste

Jean-Baptiste

Hébergeur zéro carbone

  • 59 ans, né en 1981
  • Habite à Saint-Christophe dans un ancien quéreux
  • Vis en couple, a 1 enfant adulte
  • Est impliqué dans la démarche zéro carbone
  • Met en œuvre, fait de la pédagogie
  • Est militant jusqu'au-boutiste
Portrait grande taille de Jean-Baptiste
Ecouter son récit en podcast

Moi, c’est Jean-Baptiste. L’année prochaine j’aurai soixante ans. Dans une ancienne vie, je vivais à Paris, j’étais réalisateur de publicités. Quand je suis arrivé vers la quarantaine, j’ai décidé de faire autre chose. J’avais du boulot dans mon secteur, mais je n’y croyais plus. J’avais besoin de faire quelque chose de plus simple, au contact de la nature et ancré dans les relations avec les autres. Ma vie avant Paris, c’était à Angoulins avant que ça ne devienne une presqu’île. J’ai grandi là jusqu’à la fin du lycée. Et je suis parti. Puis je suis revenu.

À la base, mon projet était de construire un lodge de tourisme dans des cabanes de pêcheurs. Mais la côte Rochelaise n’était pas faite pour ça. Et avec la montée des eaux qui était annoncée, ça aurait vite périclité. Finalement, avec ma compagne, on a acheté un terrain plus dans les terres, du côté de Saint-Christophe. On a commencé par planter des arbres, et ensuite on a monté nos premières cabanes en bois. Les arbres ont bien poussé depuis, et maintenant ça fait une petite forêt. Chaque cabane est isolée des autres. Côté énergie, les toitures sont équipées de panneaux photovoltaïques. Les cabanes ne sont accessibles qu’à pied. Parfois, au début, nos hôtes râlent un peu, mais on sait que c’est ça qu’ils viennent chercher : quelques jours de calme et de déconnection. Et mon affichage zéro carbone est vraiment un atout pour faire venir ces clients-là. Et pour ceux qui viennent en avion, je respire fort, je ne fais pas de commentaires désagréables, mais je leur dis qu’il faudra faire mieux la prochaine fois et compenser pendant leur séjour. En fait, je n’ai même pas besoin de le leur dire, je leur présente Jude-Thierno, un réfugié climatique que l’on héberge depuis trois ans maintenant et qui travaille avec nous. Il raconte son histoire, très calmement. L’histoire d’un pays qui n’existe plus. Ça en secoue plus d’un. Ce n’est pas de la science-fiction, ça lui est arrivé. Son histoire, c’est une véritable prise de conscience pour tous ceux qui ne veulent pas voir que le monde a changé.

Aujourd’hui, nous avons cinq cabanes et une capacité d’accueil de quatre personnes par cabane. J’avoue quand même avoir hâte que les arbres aient suffisamment grandi pour monter quelques cabanes de plus, perchées en hauteur cette fois-ci. Notre faible capacité de clientèle actuelle est un choix. Cela permet la distanciation sociale, et que les clients soient rassurés en cas de problème sanitaire. Avec le nombre de confinements qu’on a connu dans les années 2020, toute la génération qui a connu les 10 Terribles est marquée par la cocophobie (peur des virus respiratoires, pas des communistes bien sûr). Ce choix permet aussi de limiter le risque en termes financiers. Et puis ça permet de rencontrer vraiment les visiteurs. Les gens manifestent le besoin d’échanger, d’avoir des conseils, de découvrir la région. Nos clients sont des urbains qui veulent passer un peu de temps à proximité de l’océan, tout en restant dans un environnement proche de toutes les commodités. Et l’agglomération Rochelaise le permet.

On propose aussi, aux visiteurs et aux riverains, des paniers de fruits et de légumes de saison et en circuit de proximité. Tout est produit dans un rayon de 50 km. C’est un plaisir de faire du local : on peut être curieux et inventif niveau recettes parce que les produits sont plus diversifiés qu’autrefois avec le tout céréalier. Ceux que nous choisissons sont de qualité. Cette année par exemple, on a beaucoup de sorgho-grain. On mange aussi moins de nourriture carnée. Avec les changements climatiques qui influent sur les productions alimentaires, on prévoit à très court terme. On travaille vraiment avec notre territoire et nos fournisseurs.

Quand nos visiteurs nous demandent des conseils d’excursions, on propose des transports doux : la marche, le vélo, l’âne ou le cheval, la barque ou le kayak de mer pour explorer la lagune rochelaise et les Îles d’Yves et de Châtelaillon. Même si le front de mer a radicalement changé de visage avec l’érosion, les côtes se sont réinventé un charme grâce à l’implication de l’ensemble des acteurs locaux. Ensemble, on a rendu la terre à l’océan. J’envoie souvent des gens avec des gosses à Jeudi qui organise des safaris à marées. Elle produit des moules et des huîtres, c’est une fille super dynamique qui parle de la mer comme personne. En discutant entre nous, à l’occasion des rencontres dans les tiers-lieux qui se sont drôlement développés à partir de 2022-2023, on a tous abouti à une question pas facile : si on doit sauvegarder ce qui est important pour la communauté, qu’est-ce qui est vraiment important ?

Quand j’ai accepté l’idée que la côte allait perdre du terrain, que les plages de sable pouvaient disparaître, et que des villages entiers allaient subir la montée des eaux, je me suis engagé dans l’associatif. Avec des acteurs locaux on a organisé une grande opération de documentation : on a fait des images, des entretiens, on a mis en boîte des paroles, des visages, des paysages, on a fait des échantillons de multiples choses comme des végétaux, des minéraux et des souvenirs, on a récupéré des objets aussi. Je crois que ce dont j’avais le plus peur, c’était d’oublier le territoire que j’avais connu. Et ma réponse a été de constituer une mémoire avec les points de vue de ceux qui vivaient là. J’ai pu faire quelque chose de constructif avec les compétences acquises dans mon premier métier.

Avec le temps, mon engagement a évolué. Depuis deux ans, j’essaie de faire vivre cette mémoire en racontant les histoires que des gens du coin m’ont transmises. J’adore ça ! J’ai vraiment découvert un truc avec le fait de raconter sans intermédiaire numérique. C’est plus que de montrer des images. C’est répéter ce qu’un autre a dit, et le dire à mon tour, pour que quelqu’un d’autre le dise à son tour. Je ne m’étais jamais senti aussi responsable. Parfois ce sont les histoires que m’ont transmis de gens aujourd’hui décédés que je raconte. J’ai un peu peur de les trahir. Et en même temps, à chaque fois que je parle d’eux, j’ai l’impression qu’ils ne sont pas loin et qu’ils veillent à ce que tout se passe bien. Ce qui a disparu est toujours là pour moi quand je le raconte. Au fond, peut-être que j’espère qu’un jour quelqu’un racontera aussi mon histoire.

Lire la synthèse de son récit

Hébergeur zéro carbone

Ancien réalisateur de publicités, originaire d’Angoulins. A 40 ans, Jean-Baptiste a quitté sa vie parisienne pour revenir s’installer autour de La Rochelle avec le besoin de faire quelque chose de plus simple, au contact de la nature et ancré dans les relations avec les autres. Sa première idée : construire un lodge de tourisme dans des cabanes de pêcheurs mais avec la montée des eaux annoncée, ça aurait périclité. Finalement, avec sa compagne, ils ont acheté un terrain du côté de Saint-Christophe.

Ils ont commencé par planter des arbres et construit cinq cabanes en bois (capacité d’accueil de quatre personnes par cabane). Chaque cabane est isolée des autres. Cette faible capacité d’accueil est un choix : ça permet la distanciation sociale en cas de problème sanitaire, besoin de rassurer les clients : toute la génération qui a connu les années COVID est marquée par la cocophobie (peur des virus respiratoires). Ça permet aussi de limiter le risque en termes financiers. Et puis de rencontrer les visiteurs.

Côté énergie, les toitures sont équipées de panneaux photovoltaïques. Les cabanes ne sont accessibles qu’à pied. Il propose aux visiteurs et aux riverains, des paniers de fruits et de légumes de saison et en circuit de proximité (tout est produit dans un rayon de 50 km). Des produits de qualité.

Les excursions conseillées, surtout par transports doux : la marche, le vélo, l’âne ou le cheval, la barque ou le kayak de mer pour explorer la lagune rochelaise et les Îles d’Yves et de Châtelaillon. Il envoie les touristes à Jeudi qui organise des safaris à marées. Même si le front de mer a radicalement changé de visage avec l’érosion, les côtes se sont réinventé un charme grâce à l’implication de l’ensemble des acteurs locaux.

Il participe à des rencontres dans des tiers-lieux (développés autour de 2022-2023).

Quand il a accepté l’idée que la côte allait perdre du terrain, que les plages de sable pouvaient disparaître, et que des villages entiers allaient subir la montée des eaux, Jean-Baptiste s’est engagé dans l’associatif. Avec des acteurs locaux ils ont organisé une grande opération de documentation : ils ont fait des images, des entretiens, ont mis en boîte des paroles, des visages, des paysages, ont fait des échantillons de multiples choses comme des végétaux, des minéraux et des souvenirs, ils ont récupéré des objets aussi. Avec le temps, son engagement a évolué. Il essaie de faire vivre cette mémoire en racontant les histoires que des gens du coin lui ont transmises. C’est plus que de montrer des images. C’est répéter ce qu’un autre a dit, et le dire à son tour, pour que quelqu’un d’autre le dise à son tour…

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