Sa notoriété et les valeurs qu’elle incarne font qu’Isabelle Autissier est souvent sollicitée pour être marraine de nombreux événements. En l’occurrence, la navigatrice est l’instigatrice de cette semaine pour agir et réduire notre impact carbone. Convaincue que « les intelligences s’additionnent », elle espère que La Semaine Super Nulle sera l’occasion de découvrir que « faire autrement peut rendre plus heureux ».
Vous avez accepté d’être présentée comme la marraine de La Semaine Super Nulle, c’est un rôle que vous ne prenez pas à la légère ?
Être marraine, ça a du sens, ce n’est pas qu’un nom sur un bout de papier ou recevoir un bouquet de fleurs dans une cérémonie officielle ; c’est suivre le projet, s’impliquer. J’ai participé à toutes les réunions de discussion. Je serai présente dans l’agglo du 29 mai au 4 juin, je vais me balader le nez au vent, ça m’intéresse de voir comment cette semaine événementielle fait réagir concrètement.
Vous êtes donc à l’origine de la démarche. Pourquoi cela vous a-t-il semblé important de sensibiliser le grand public à ce que signifie le zéro carbone ?
Le Conseil de la Fondation de l’Université de La Rochelle, dont je fais partie, a émis l’idée que tout comme La Rochelle avait été pionnière avec « la journée sans voiture », elle pouvait l’être à nouveau pour « la journée zéro carbone ». Cela a résonné auprès des partenaires de La Rochelle Territoire Zéro Carbone et s’est transformé en « une semaine sans carbone »… Sans carbone mais festive pour essayer de prouver au grand public que changer ses habitudes peut se faire dans la joie et la bonne humeur.
Une Semaine Super Nulle mais festive et positive… Qu’en attendez-vous ?
Il est primordial que faire autrement soit agréablement surprenant. J’ai une expression en horreur absolue : « l’écologie punitive ». Au contraire, changer nos vies et nos comportements pour garder une planète vivable, ce n’est que positif ! S’il est clair qu’on ne change pas du jour au lendemain en appuyant sur un bouton, on peut déjà durant cette semaine essayer de faire différemment, trouver ça bien, et petit à petit le refaire de plus en plus, en établissant le rapport entre la modification de notre façon de vivre et la diminution en émissions carbone.
Vous espérez que cette semaine s’étirera dans la pratique ?
On n’a plus le choix que de jeter toutes nos forces dans la bataille, non pas demain mais aujourd’hui, pour tout le monde, votre génération et la mienne, pour les parents et grands-parents inquiets pour l’avenir de leurs enfants et petits-enfants. L’écologie est totalement indispensable pour que nos sociétés répondent à nos besoins vitaux et si on veut continuer à vivre en paix et en démocratie. Il faut revenir aux limites planétaires. Cela fait 30 ans que le GIEC dit qu’il n’y a plus d’eau, et tout d’un coup on s’aperçoit que c’est vital !? En tant que marin, je vois que le régime des vents change : avant, nous avions des vents d’ouest porteurs de pluie, aujourd’hui ce sont des vents d’est secs. Nous devons penser à l’avenir maintenant, réfléchir à ce que nous voulons. Est-ce qu’accumuler nous rend vraiment plus heureux ?
Comment faites-vous pour être super nulle ?
Cela fait longtemps que je réfléchis à comment être nulle en carbone, et même si je ne suis pas parfaite, j’essaye d’agir depuis toujours. D’ailleurs je pense qu’il ne faut pas attendre d’être parfait pour passer à l’action ! Je me déplace à vélo depuis des années, je mange bio et moins de viande, je n’ai jamais chauffé à plus de 17°C - je préfère mettre un pull que d’être en tee-shirt à 22°C ! Je fais le ménage avec du bicarbonate et du vinaigre dans toute la maison, la lessive avec des feuilles de lierre (depuis le confinement), je minimise les emballages, je nettoie régulièrement ma boîte mail... Je prends du temps et je mets de l’énergie à travailler avec des associations, à débattre avec les gens. J’ai un jardin partagé avec des copains, on essaie de produire une partie de notre alimentation. Je ne tonds plus ma pelouse ; il faut arrêter de vouloir un gazon anglais… Chez moi je découvre plein de nouvelles fleurs !
Quel conseil donneriez-vous pour passer une super Semaine Super Nulle ?
On n’est pas obligé de faire comme tout le monde et comme les publicitaires veulent qu’on fasse. Mais on n’est pas là pour s’embêter ! Je dirais qu’il faut prendre la réduction de nos émissions carbone comme un jeu. Quand je fais quelque chose, je me demande comment je pourrais le faire autrement, et je m’amuse !