Entretien avec Luc SERVANT

Entretien avec Luc SERVANT

Luc Servant, Président de la Chambre Régionale d’Agriculture de Nouvelle-Aquitaine, après avoir été Président de la Chambre d’Agriculture de Charente-Maritime. Exploitant agricole à Benon.

Pourquoi la Chambre d’Agriculture de Charente-Maritime a-t-elle choisi de s’engager dans le programme LRTZC ?

« L’agriculture a un rôle primordial à jouer dans l’atténuation du changement climatique. Elle doit, comme toute activité, réduire ses émissions de gaz à effet de serre, mais elle est une des seules activités économiques capable d’en stocker dans les sols et la végétation. Pour ces raisons, notre intégration dans le projet LRTZC nous semblait importante »

Comment l’agriculture peut-elle contribuer à réduire les émissions carbone ?

« Comme pour d’autres activités, il nous faut réduire nos consommations d’énergie, par des pratiques moins consommatrices, le réglage des engins agricoles, etc. La diversification des cultures peut limiter l’utilisation d’engrais, ainsi que l’intégration de cultures légumineuses dans les assolements. Il a été calculé que si tous les sols cultivés au monde augmentaient leur teneur en matière organique de 0,4% par an, cela compenserait les rejets de carbone de toutes les autres activités. L’agriculture peut aussi être productrice d’énergies renouvelables qui se substituent aux énergies fossiles, avec les biocarburants ou la méthanisation, en veillant toutefois à ne pas venir en concurrence des productions alimentaires. La relocalisation des productions, avec le Projet Alimentaire de Territoire, peut également réduire les émissions dues au transport et à la transformation des produits agricoles. »

Comment le monde agricole est-il impacté par les changements écologiques ?

« Le changement climatique – avec ses sécheresses et pluies plus intenses – impacte nos productions. Les rendements des cultures plafonnent depuis un vingtaine d’années. Une des conséquences est que nous voyons une délocalisation des productions agricoles au fil des dernières décennies avec ce que cela impose de transport de produits alimentaires.

Quelles premières actions la Chambre d’Agriculture Charente-Maritime va-t-elle mettre en place ?

« Une première action sera de faire un bilan des émissions carbone du secteur agricole à l’échelle du territoire LRTZC puis sur les exploitations. Il s’agira ensuite de voir ce qui peut être mis en place pour améliorer ce bilan : réduction des émissions, pratiques de stockage du carbone dans les sols, par l’enfouissement de cultures dites intermédiaires, par la plantation d’arbres et de haies, ou par l’implantation de prairies permanentes. Cela passera par des actions de sensibilisation des agriculteurs, par leur accompagnement et de la formation. La compensation financière devra également être envisagée, pour rémunérer ce service rendu de stockage de carbone. »

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