Créée en 2020 dans le cadre de « La Rochelle Territoire Zéro Carbone », la Coopérative Carbone est une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) dédiée au développement des projets locaux de réduction et de séquestration de CO2. Sa directrice générale, Anne Rostaing, nous parle de l’intérêt et des différents moyens de capter le carbone sur le territoire de l’Agglo.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, pouvez-vous nous rappeler quel est le rôle de la Coopérative Carbone ?
La Coopérative Carbone a deux principales missions : accompagner à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et accélérer la régénération des espaces naturels favorables à la séquestration du carbone. Dans le cadre de l'ingénierie carbone, nous accompagnons les organisations sur l’évaluation et la réduction de leur empreinte environnementale grâce à des bilans carbone et la définition de plans de transition. Dans le cadre de la contribution carbone volontaire, nous connectons des entreprises, collectivités, associations ou citoyens à des porteurs de projets de transition. Ils peuvent apporter leur soutien financier à des projets locaux d’augmentation des puits de carbone, en finançant la plantation d’arbres, de haies ou la régénération de mètres carrés de sols agricoles.
Pourquoi est-il indispensable de séquestrer le carbone ?
La séquestration par les puits de carbone contribue à la fois à l’atténuation du changement climatique et à l’adaptation du territoire sur le long terme. C’est un axe d’amélioration majeur, à côté de la réduction des émissions, pour atteindre l’objectif de neutralité à horizon 2040.
Comment le carbone peut-il être séquestré ?
Nous disposons de trois leviers. Les puits de carbone vert sont notre premier champ d’actions. La Coopérative Carbone accompagne notamment le projet « Forêt bleue » de plantation de mini-forêts sur l’agglomération, qui a été imaginé par des citoyens. Une commission spécifique a été créée au sein de la Coopérative pour porter ce projet. Depuis 2022, plus de 25 000 arbres ont été plantés sur les communes de Dompierre-sur-mer, Saint-Xandre, l'Houmeau, Saint-Vivien et Angoulins-sur-mer. Plus de 9000 arbres ont également été financés par les crédits carbone de la Coopérative dans le Marais Poitevin. Au total, la structure a contribué à la plantation de plus 60 000 arbres depuis 2021, auxquels s’ajoutent des haies et la préservation de forêts. Des entreprises comme La Poste et le bureau d’études Ilao ont contribué à ces projets.
Quel est le second levier ?
Ce sont les puits de carbone marron. Dans ce cas on se concentre sur la capacité de captation des sols, notamment agricoles. Aujourd'hui, notre territoire perd un potentiel de captation de 1,5 tonne équivalent CO2, par hectare et par an, en raison des pratiques agricoles inadaptées. L’objectif est de restaurer la capacité des sols à séquestrer le CO2, en accompagnant l’évolution des pratiques. Des agriculteurs locaux s'engagent dans des actions de transition, impliquant notamment l’utilisation de couverts végétaux ou la rotation des cultures. A Longèves, deux petites parcelles agricoles délaissées ont été transformées en verger bio, avec le soutien notamment de Suez et de Cosy Hôtels qui a prévu d’en acheter la production. Au total 10 000 hectares d’exploitation agricole sont en transition à l'échelle de la Nouvelle-Aquitaine.
Et qu’en est-il des puits de carbone bleu, autrement dit les zones humides, qui nous concernent tout particulièrement ?
Effectivement, 10% du territoire de l’agglomération est concerné. Mais aujourd’hui les zones humides sont plutôt des émettrices de carbone. Nous devons travailler sur la restauration hydraulique. Grâce aux travaux menés par le laboratoire de recherches LIENSs (Littoral Environnement et Sociétés) de l’Université de La Rochelle sur les valeurs de captation carbone, nous disposons maintenant d’un cadre méthodologique qui va nous permettre de savoir où on peut agir efficacement. Nous allons donc pouvoir mieux investir cette catégorie de puits de carbone.